Le blog de statotrot

Journal du jeu Hippodingo 2


Présentation de l'écurie Bohême - Février 2014

Publié par statotrot sur 24 Février 2014, 18:03pm

Catégories : #Coup de projecteur

projecteur-ecurie

 

L'ECURIE BOHÊME NOUS OUVRE SES PORTES

 

toque boheme

 

A la rencontre de Francesco ZABO

 

C’est par une matinée brumeuse qu’en ce mois de février nous prenons la route de l’Orne, une terre de cheval et d’entraînement des trotteurs de course. Nous avons rendez-vous tout près d’Alençon, dans un petit haras récemment acquis par un « jeune » entraîneur de 52 ans qui assure la direction de l’écurie Bohême : Francesco ZABO !

Il est environ 7h30 lorsque nous arrivons dans la cour de la propriété, et nous apercevons trois silhouettes déjà très affairées autours des boxes. Le patron s’avance vers nous d’un pas décidé. « Bonjour, bienvenue à l’écurie Bohême. Désolé pour le brouillard, j’espère que vous n’avez pas trop galéré sur la route ! Venez vous mettre au chaud, mon épouse à préparé un gâteau hier soir et il ya du café frais qui vous attend ». Ce n’est pas de refus, après toutes ces quelques heures de route, un petit déjeuner nous fera le plus grand bien. Et c’est dans le bureau du patron que nous nous installons pour cette première prise de contact avec François, nouveau venu dans le monde de l’entraînement des trotteurs. « J’ai toujours eu la passion pour les courses de trot. Jusqu’à présent, je suivais ça d’assez près en tant que turfiste. Puis mon fils a également attrapé le virus à force de me suivre sur les champs de courses. Il a fait son apprentissage dans le métier et est maintenant à son compte depuis quelques années à la tête de l’écurie Jadilab. Tous les samedis matin j’allais l’aider à sortir les chevaux. J’ai vu comment il travaillait et j’ai eu envie de franchir le pas moi aussi, tout en étant conscient qu’il n’était pas évident de changer de vie à cinquante piges passé ! » Effectivement, il a fallu beaucoup de courage à notre ami François pour quitter son ancien métier et vendre sa maison pour investir dans ce petit haras de l’Orne. « Heureusement, j’ai pu compter aussi sur le soutien de mon épouse. Ce genre de décision ne se prend pas à la légère et il vaut mieux être à deux pour réfléchir à un tel projet ! Mais depuis maintenant un an que nous avons débuté, nous ne regrettons rien, même si nous ne comptons pas les heures de travail. » Et oui, Madame est également présente pour donner la main à l’écurie et même pour sortir les chevaux. « Je débute, j’ai une petite structure, et je ne peux pas me permettre d’embaucher du monde pour l’instant. J’ai déjà un lad qui est salarié de l’entreprise, puis je peux compter aussi sur un amateur du coin qui vient nous filer un coup de main quelques heures dans la semaine ». On devine beaucoup de passion dans le regard de François, surtout quand il nous raconte l’histoire des trotteurs du coin : «  Dans la région, il y a du lourd niveau entraîneurs, avec Thierry Duvaldestin, Sébastien Guarato ou le clan des Dubois ! De grands professionnels qui nous font rêver ! Et du côté des chevaux, je ne t’en parle même pas : Les cracks Ready Cash, Royal Dream et même Roxane Griff sont entraînés dans la région. » Sur qu’il doit se prendre à rêver qu’il au sulky de l’un de ces champions lorsqu’il tourne autours de sa piste d’entraînement. Mais après ce copieux petit déjeuner, il est temps de ressortir dans le froid matinal pour découvrir un peu plus les lieux et les pensionnaires qui s’y trouvent.

 

Une petite structure avec tout ce qu’il faut !

 

Ce petit haras, propriété de l’écurie Bohême, possède un certain cachet avec sa dizaine de boxes en pierre. La cour, à côté de laquelle se trouve un marcheur 8 places, permet d’accéder directement aux pistes d’entraînement : Une piste ovale en sable de 800 m plus une ligne droite de 900 m en légère montée. « Pour moi il est important d’avoir un tel outil à disposition. J’ai pu apprécier l’apport du travail en intervalle training et donc l’avantage de posséder une ligne droite en observant ce qui se passait chez mon fils. Alors, dès que je me suis installé j’ai voulu rapidement avoir la mienne ».

Au milieu des pistes, on peut voir de nombreux paddocks bien dimensionnés. «  Ca me permet d’occuper mes espaces en prairie. Et puis je préfère que mes chevaux soient un maximum à l’extérieur, c’est bon pour leur équilibre ».

Alors que regardons d’un œil attentif un premier lot de chevaux en train de tourner sur la piste, nous évoquons avec François les méthodes d’entraînement. « Mes entraînements sont programmés à l’avance, selon le calendrier de chaque cheval. C’est un travail de suivi minutieux, mais comme je n’ai pas un gros effectif, j’arrive à bien gérer. Après, il est évident que d’un cheval à l’autre la méthode va varier. J’essaye de personnaliser le travail en fonction du cheval, en tenant compte de son tempérament et de son état de forme du moment. Tu sais, l’entraînement c’est un mélange de gestion et de préparation. Et il ne te faut pas perdre de vue que tout ce travail peut être perturbé par l’aléatoire le jour de la course. » Comme tout entraîneur, François a bien sur connu quelques déboires en course. Mais cela n’a jamais entamé son moral ni son enthousiasme. « Bah, tu peux pas prendre un gros chèque à chaque fois non plus. Par contre, il y a toujours quelque chose à retenir d’une course, quel que soit le résultat. Un cheval qui s’enlève et prend le galop sans que tu t’y attente, un autre en progression qui reste sur une victoire mais perd du physique, voilà quelques exemples qui t’amènent à réfléchir et à adapter ton travail. Il faut savoir aussi surmonter ces déceptions pour bien rebondir. Persévérance et patience sont les maîtres mots de la profession ».

Vu la proximité de quelques hippodromes de la région, nous demandons à François s’il lui arrive de sortir un peu de chez lui pour entraîner ses pensionnaires. « Pour l’instant, je suis toujours resté ici. Alençon et Argentan ne sont pas loin, sans oublier l’hippodrome Jean Gabin à Moulins la marche. Argentan, c’est du sable, comme ici. Par contre, les deux autres ont une piste en herbe et il est vrai que je réfléchis à l’éventualité de m’y rendre de temps en temps avec les chevaux de mon effectif qui présentent de bonnes dispositions sur ce type de surface. Mais le top pour moi ce serait de pouvoir aller régulièrement sur les plages normandes. Là mes chevaux découvriraient un autre environnement et pourraient profiter des bienfaits de l’eau de mer ! Ca reste un rêve pour l’instant, mais je ne désespère de le voir se concrétiser dans un avenir assez proche. »

Jeune dans le métier, François fait déjà preuve d’un grand professionnalisme et s’intéresse au moindre détail. « C’est à ce prix que tu peux espérer réussir. Ce métier possède sa part d’ingratitude. Tu es sans cesse confronter à un mélange de déceptions et de satisfactions. Mais je préfère ne retenir que les secondes. Quand tu vois tes chevaux progresser et améliorer leur chrono à chaque sortie, tu te dis que tu ne fais pas tout çà pour rien et que ça vaut le coup de se lever de bonne heure le matin. Mais i lest clair qu’il faut rester vigilant et ne jamais se croire arrivé ».

Le lot de chevaux au travail sort à présent de la piste. Nous revenons d’un pas rapide vers les boxes où d’autres attendent d’être attelés.

 

boxes boheme(2)

 

Les magnifiques boxes en pierre

 

piste boheme

 

L'entrée de la piste en sable

 

lignedroite boheme

 

La ligne droite en légère montée

 

Un effectif réduit mais la qualité est bien présente

 

Le prochain à partir sur la piste, c’est VLATTIMARO, celui que François considère comme le fer de lance de son écurie. « Il est arrivé ici le dernier jour de février l’an passé, et 12 jours plus tard il gagnait à Nantes. Tu te rends compte un peu, premier cheval, première course et première victoire ! D’ailleurs je remercie encore JP. Piton a qui j’avais confié la drive pour l’occasion ». Effectivement, avec une telle entrée en matière, il y a de quoi entretenir les rêves les plus fous pour la suite. « C’est un super cheval, très gentil, toujours d’humeur égale. Et toujours près pour s’entraîner ou affronter les autres en courses. Sa grande qualité : Il est capable de fournir une grosse accélération à mi parcours et de maintenir son effort jusqu’au passage du poteau. ». En effet, nous pouvons voir que le cheval part vers la piste avec beaucoup d’entrain. « Tu vois, aujourd’hui il va effectuer deux fois 3000 mètres sur l’ovale. Après, il va se détendre durant ¾ d’heure avant de revenir effectuer quatre fois la ligne droite en progression. C’est son programme du moment, deux fois par semaine. Les autres jours, on l’attèle juste pour une promenade. » Puis voila François parti dans une présentation des autres pensionnaires de son écurie. « VELVET PERRINE est mon autre 5 ans de l’écurie. Je suis convaincu qu’il possède plus de capacité que VLATTIMARO, mais alors, qu’est ce qu’il est compliqué ! C’est un dominant qui aime montrer qu’il est là. A chaque fois qu’on le sort du box ou quand va le chercher au paddock, il hennit pour montrer qu’il est le chef. Il faut sans arrêt le solliciter, au travail comme en course. Avec son sale caractère, il n’a pas encore gagné une fois depuis son arrivée dans l’écurie. Je songe parfois à le soulager de ses balloches, peut-être que ça pourrait le calmer » ! Le patron de l’écurie Bohême peut toutefois compter aussi sur AH LA GRENOUILLE, un poulain sur qui il fonde quelques espoirs : « Lui, c’est un brave poulain. Mais sa marge de progression est encore grande. Il m’a bien fait plaisir dernièrement en terminant 3ème alors qu’il rendait 25 m et affichait une côte de 217/1 ! Avant cela, l’idée de le vendre m’avait effleuré. Mais bon, avec un bon programme d’entraînement il peut faire de belles choses en province, surtout sur les pistes corde à droite ». Puis, pour terminer le tour de son effectif, François nous parle de ses jeunes poulinières de la génération des B : « J’ai beaucoup d’affection pour mes deux demoiselles. BALISABELLE est une magnifique pouliche, parée de la même robe alezane que son grand-père Lutin d’Isigny. Elle s’est brillamment qualifiée le 1er octobre dernier sur l’hippodrome de Caen avec un chrono de 1’19’’9. Derrière, elle a été malheureuse lors de sa première sortie, en se montrant fautive dès le départ. Depuis elle a enchaîné avec une 7ème place à Vincennes et une 2ème place à Cagnes sur Mer. Il faut faire attention de bien la garder en main car elle a tendance à se montrer un peu fougueuse, un défaut qu’elle tient de son père Gazouillis. Quant à BALILOLOTTE, je pense qu’elle a encore plus de potentiel. Qualifiée le 17 septembre dernier à Toulouse sur le pied de 1’20’’3, elle gagnait ce jour là sa série. Et après une 5ème place à Cabourg et une 8ème à Vincennes, derrière BALISABELLE, elle a ouvert son compteur de victoires le 4 janvier en s’imposant avec beaucoup de facilité à Cagnes sur Mer. On espère qu’elle fera d’ailleurs une belle carrière de poulinière plus tard ».

On aperçoit la passion qui habite l’homme de cheval lorsqu’il nous parle de ses pensionnaires, mais aussi lorsqu’il nous livre ses impressions sur la manière de mener en course : « Je demande toujours que mes chevaux restent cachés ou prennent le meilleur dos possible durant le parcours, sans les pousser, en les laissant évoluer à leur rythme. Ces ordres leur permettent de s’économiser tout en donnant le maximum en fin de course. Concernant le déferrage, je ne suis pas un adepte de la chose. Uniquement un déferrage partiel, plutôt des postérieurs, pour améliorer les chances de bien figurer lorsqu’on sent qu’on a un bon coup à jouer ». Et au sujet des jeunes chevaux, il ya des pratiques qui semble bannies de l’écurie Bohême : « Faire courir des jeunes chevaux en tête et à fond dès le départ, qui plus est avec un déferrage total, est une pratique qui peut avoir de terribles conséquences sur le long terme. Combien voit-on de chevaux se retrouver « cramés » après à peine quelques années de course ? Je considère que c’est un grand gâchis, mais bon, chacun voit midi à sa porte ». 

 

BALISABELLE

 

BALISABELLE dans sa robe alezan

 

V au travail

 

Les V au travail

 

L’élevage, l’autre facette de l’écurie Bohême

 

 

Bien que nouveau dans le métier, Francesco ZABO possède plusieurs cordes à son arc et tient à vivre sa passion pour les trotteurs jusqu’au bout, en tentant notamment de se lancer dans l’élevage. Un premier produit issu de l’élevage maison à d’ailleurs vu le jour le 1er juillet dernier : CABALLITO, né de VALDEZ et de UNITE RUSH, semble avoir de bonnes prédispositions : « Il sort du débourrage et pour l’instant son travail se limite à des promenades plus ou moins longues. Mais dans quelques mois on va entrer dans le dur avec lui, avec un entraînement spécifique et plus poussé ». Cela nous amène à parler de l’unique poulinière du haras, UNITE RUSH (GOTTOT SPORT X MOON RUSH (Défi d’Aunou)) : « C’est un achat précipité, mais nous n’avons aucun regret depuis son arrivée ici le 14 juin 2013. Vu ses origines, elle devrait nous donner de beaux produits. Il suffit de ne pas se tromper dans le choix de l’étalon et d’être patient afin de trouver celui qui apportera le meilleur croisement possible ».

 

Bilan et objectif de la jeune écurie de Francesco ZABO

 

Nous avons demandé à François de nous livrer ses impressions après une première année d’activité à son compte. Et aussi de nous faire part de ses désirs pour 2014 :

« Le bilan de ma 1ère année me satisfait. Avec 6 succès et 25 places en 38 courses, on a ramassé 129 330 oros de gains. 2014 sera une année de continuité, avec pour objectif de progresser dans tous les domaines. On compte aussi développer un peu plus l’écurie, mais toujours de manière raisonnée, sans faire de folies. Le but étant d’assurer la meilleure gestion possible ».

 

Quelques chaleureux  remerciements avant de reprendre la route du retour

 

Ces quelques heures passées au sein de l’écurie Bohême nous ont permis de découvrir un entraîneur habité par une grande passion, mais qui sait garder la tête sur les épaules malgré son peu d’expérience. « Si j’en suis là aujourd’hui, c’est, comme je te l’ai dit, grâce à mon fils Jadilab. Il m’a mis le pied à l’étrier et m’a livrer quelques « ficelles » bien utiles. Puis il y aussi d’autres entraîneurs qui comptent dans ma jeune carrière. L’écurie Yamm a été la première à me faire confiance en mettant à ma disposition ses chevaux engagés en amateur. Une collaboration qui a duré 6 mois. Puis il y a aussi les écuries Sydney Racing, Hédoniste, Luciano qui m’ont aidé à franchir un niveau en décembre dernier. J’en profite pour leur renouveler à tous mes remerciements les plus sincères ».

Pour finir, Francesco ZABO nous a fait également part se son grand étonnement : « Quand vous m’avez contacté pour me dire que vous souhaitiez faire un article sur moi dans votre journal, j’ai cru un instant que c’était mon fils qui s’amusait à me faire une farce en se faisant passer pour un journaliste de Statotrot. C’est un grand honneur que vous me faites et je remercie toute l’équipe de rédacteurs pour le travail accompli. C’est sympa de votre part de mettre en lumière les petites écuries et les nouveaux au sein du journal. »

 

C’est à présent à notre tour de remercier François. Nous avons apprécié son accueil chaleureux et nous nous souviendrons longtemps de cette visite dans son écurie.

 

Bernard Ladrive

(Marianne Trot)

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article